"E aqueles que foram vistos dançando foram julgados insanos por aqueles que não podiam escutar a música"
Friedrich Nietzsche

terça-feira, novembro 12, 2013

Pourquoi la parole raciste gagne du terrain

Charles de Saint Sauveur et Henri Vernet | Publié le 06.11.2013, 18h44

Chez les politiques, dans la rue, les médias, sur Internet, les insultes xénophobes fusent. Signe d’une société en plein doute…

 

 

Ici à Amiens (Somme) comme ailleurs, où des jeunes femmes blondes croisent des femmes voilées, où toutes les communautés cohabitent, la parole d'est durcie à l'égard des «étrangers».

Ici à Amiens (Somme) comme ailleurs, où des jeunes femmes blondes croisent des femmes voilées, où toutes les communautés cohabitent, la parole d'est durcie à l'égard des «étrangers».

Mais qu’arrive-t-il à la France qui célébrait joyeusement, sans arrière-pensées, le triomphe de son équipe de foot black-blanc-beur un soir de juillet 1998? Aujourd’hui, les anathèmes voire les insultes racistes fusent de partout. Proférées par des fillettes qui traitent de « guenon » la garde des Sceaux, Christiane Taubira, en brandissant des bananes en marge d’une récente manif anti-mariage gay; gravées sur la page Facebook d’une candidate FN aux municipales, qui compare la même Taubira à un singe (ce qui a provoqué la démission hier d’une candidate FN d’origine algérienne en Haute-Garonne); inscrites en une de magazines qui multiplient les dossiers alarmistes sur « l’invasion » de l’islam en France; dans les propos d’élus de la République qui s’en prennent ouvertement aux Roms, nouveaux boucs émissaires d’une société au bord de la crise de nerfs.

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59% des Français estiment que le racisme a progressé
Liste loin d’être exhaustive, à laquelle pourraient s’ajouter les innombrables sorties sur les musulmans, les Roms ou les juifs, émanant parfois de ténors censés maîtriser leur parole publique, de Copé avec ses pains au chocolat à Mélenchon s’en prenant en termes ambigus à Moscovici, en passant par Valls et ses polémiques à répétition… Pour des Français en pleine crise économique, en désarroi identitaire face à une mondialisation jugée de plus en plus menaçante, la parole raciste n’est plus taboue. En tout cas, elle s’est décomplexée. Selon un sondage OpinionWay pour la Licra, paru le mois dernier à l’occasion des trente ans de la Marche des Beurs, 59% des Français estiment d’ailleurs que le racisme a progressé ces trois dernières décennies. Figure emblématique de la réussite sociale des Noirs de France, le présentateur télé Harry Roselmack déplorait hier, dans une tribune au « Monde », le retour au quotidien d’un certain racisme « au plus profond de la société française ». Sombre tableau. D’autant plus désespérant si l’on se souvient que le candidat François Hollande prétendait justement apaiser le pays. Parmi ces promesses figurait même la suppression du mot race» dans notre Constitution. Las, un an et demi après son élection à l’Elysée, il n’en est toujours rien. Une certitude, son discours demain pour lancer le centenaire de la Grande Guerre de 1914-1918 sera empreint de cette nécessité de retrouver le goût du « vivre ensemble », une formule qu’il répète à l’envi ces derniers mois. Car cet incorrigible optimiste est convaincu que rien n’est perdu.
« Je n’ai pas l’impression que la société soit plus raciste, au contraire : la France est championne du monde des couples mixtes! » se réjouit le député PS Malek Boutih. Lequel constate, en une drôle de formule, que « les Français aiment bien l’immigré… mais pas l’immigration ». L’ancien président de SOS Racisme pointe un paradoxe : « Naguère, les gens retenaient plus leur langage, mais les actes racistes étaient plus violents et les discriminations plus prégnantes. » Bien des préjugés qui existaient il y a encore vingt ou trente ans sont inconnus des jeunes générations, habituées à une France métissée. La France d’aujourd’hui…

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