RFI - Article publié le : mardi 21 août 2012 -
Dernière modification le : mardi 21 août 2012
Exercice anti-terrorisme dans le métro de Séoul.
REUTERS/Kim Hong-Ji
Les troupes américaines et sud-coréennes ont débuté leurs
manœuvres militaires communes annuelles. Cet exercice se déroule
jusqu’à la fin du mois d'août dans et autour de Séoul, la capitale
sud-coréenne. Il est banal mais il intervient dans un contexte de
renforcement de la présence maritime américaine dans le Pacifique et en
Asie, alors que les incidents se multiplient et plusieurs pays de la
zone, autour d’îlots qu’elle revendique.
C'est un exercice classique pour les Etats-Unis qui coopèrent
étroitement sur le plan militaire avec la Corée du Sud. Comme chaque
année d’ailleurs, il suscite la colère du voisin nord-coréen qui en profite pour menacer Séoul de ses foudres.
Mais les exercices du même type se multiplient dans la zone
Asie-Pacifique. Ils s'élargissent aussi à de nouveaux Etats, comme
l’Inde par exemple. Et c’est un signe du renforcement de la présence
militaire américaine dans cette partie du monde. Jusqu’ici, 50% de cet
effort se portait sur la zone Atlantique et les 50 autres pour cent dans
le Pacifique. Désormais, 60% des forces américaines y seront
concentrées.
La raison principale, c’est la montée en puissance de la Chine et la protection des intérêts économiques américains. «
On est passé sur le thème d’une menace chinoise qui vient s’inscrire à
contresens des intérêts vitaux des américains. Il y a donc un souci de
bien marquer que les Etats-Unis sont un garant de sécurité dans la zone
Asie Pacifique, explique Marianne Péron-Doise, spécialiste des questions stratégiques à l’Institut national des Langues et civilisations orientales. Mais
il y a aussi un souci de s’accrocher à la dynamique de croissance
asiatique et donc de chercher par tous les moyens à stabiliser la zone.
Et forcément cela explique l’effort militaire américain, la tenue de
plus en plus répétée d’exercices multinationaux de plus en plus grande
ampleur par exemple. »
Pour mener à bien cette stratégie, Washington s’appuie sur des
alliés dans la région. Il y a la Corée du Sud bien sûr, et plusieurs
pays d’Asie du Sud Est comme les Philippines, la Thaïlande ou Singapour,
qui sont des partenaires de longue date. Mais Washington se rapproche
aussi du Vietnam, l'ancien ennemi.
Tous ces pays ont besoin de la présence américaine pour faire
contrepoids à l'omniprésence croissante de la Chine. Ces derniers mois,
les hauts responsables américains -dont la secrétaire d'Etat Hillary
Clinton et le secrétaire d'Etat à la Défense Léon Panetta - ont
d'ailleurs multiplié les déplacements officiels dans la région.
Pekin et Tokyo haussent le ton sur les Senkaku
Parmi
leurs alliés les plus solides, il y a le Japon, dont les relations se
tendent avec la Chine autour des îles Senkaku, sous contrôle japonais
mais revendiquées par Pékin, sous le nom de Diaoyu. Ce n'est pas le
premier incident du genre. Pour autant, la tension est forte. Des
nationalistes chinois ont réussi à planter un drapeau sur l’un de ces
îlots le 15 août dernier, avant d’être arrêtés par les japonais puis
expulsés. Ensuite ce week-end, ce sont des nationalistes japonais
appuyés par une flottille de navires qui sont allés réaffirmer la
souveraineté japonaise, provoquant la colère des Chinois.
Et les Etats-Unis, compte tenu de leur alliance militaire avec Tokyo, suivent forcément ce qui se passe. «
Les Etats-Unis ont un accord de défense avec le Japon, donc les Senkaku
sont reconnues comme faisant partie du territoire japonais. S’il y a
une véritable occupation des ilots Senkaku ou de cette zone en mer de
Chine par la marine chinoise, par exemple, les Etats-Unis avaient
déclaré, il y a quelques temps, que cela faisait partie de cet accord de
défense. Donc ils pourraient intervenir aux côtés des forces de défense
japonaises pour défendre ce qui fait partie du territoire japonais », analyse Valérie Niquet, spécialiste de la Chine à la Fondation pour la recherche stratégique. Cela dit, explique-t-elle, on est plutôt dans un jeu où la Chine pousse ses pions pour tester la réaction de ses adversaires.
En revanche, plus au sud, en mer de Chine méridionale, Pékin a été
beaucoup plus loin dans ses revendications sur différent chapelets
d'îles, notamment contre le Vietnam et les Philippines. « En mer de
Chine du Sud, la Chine essaye de s’approprier deux millions de km2
d’étendue maritime et de transformer cela en eaux territoriales. C’est
un endroit par où passe une grande partie du trafic de marchandises
mondial, au-dessus de 50% du trafic de conteneurs, indique Jean-Vincent Brisset, chercheur à l'Institut de recherche internationale et stratégique. Donc
là, il y a vraiment quelque chose dans la zone qui a un impact au
niveau mondial. Les problèmes sur les petits îlots entre le Japon et la
Corée du Sud ou même sur les Senkaku sont quelque chose de plus simple,
en tous cas de plus léger sur le plan des conséquences possibles. »
Effectivement, les incidents ont été plus nombreux et sérieux en mer
de Chine, ces dernières décennies. Dans les années 70, Pékin a annexé
les îles Paracels que le Vietnam considère toujours comme faisant partie
de son territoire. Il y a également les îles Spratleys
revendiquées à la fois par la Chine, le Vietnam, les Philippines,
Brunei et Taïwan. Tout récemment encore, la tension militaire est montée
d’un cran entre la Chine et les Philippines sur le récif de Scarborough. Et cela inquiète forcément les Etats-Unis.
Avec Jelena Tomic et Chloé Bahize
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