Publié le 15-06-2015 Modifié le 15-06-2015 à 06:36
En Syrie, les forces kurdes sont parvenues ce dimanche à l'entrée de Tal-Abyad, ville syrienne frontalière de la Turquie aux mains du groupe Etat islamique, et sont en train d'y combattre les jihadistes. Garder le contrôle de Tal-Abyad est d'une importance stratégique pour le groupe Etat islamique.
Avec notre correspondant à Beyrouth, Paul Khalifeh
Tal-Abyad relie la frontière turque à la province de Raqqa, le principal fief du groupe Etat islamique en Syrie. Sa prise par les combattants kurdes priverait les jihadistes d'un important point de passage par où transitent armes et volontaires étrangers venus d'Europe ou d'Asie centrale rejoindre les rangs de l'organisation terroriste.
La progression des combattants kurdes dans cette région répond à des impératifs stratégiques évidents. La prise de Tal-Abyad isolerait, en effet, la capitale du groupe Etat islamique, Raqqa, de la campagne de la province éponyme. Elle permettrait aussi d'assurer une continuité territoriale entre les fiefs kurdes de Hassaka dans le nord-est de la Syrie, et Aïn al-Arab, au nord d'Alep.
Les combattants kurdes sont désormais à cinquante mètres de l'entrée de Tal-Abyad. Leur avancée s'est accélérée après la prise de la localité de Slok, le plus ancien bastion du groupe EI en Syrie. Une vingtaine d'autres villages ont été occupés avec l'aide des avions de la coalition internationale, qui ont mené plusieurs raids ciblés dans la région.
La bataille de Tal-Abyad ne sera pas facile. Les jihadistes se sont repliés dans la ville, y ont creusé des tranchées, ont miné les rues et certains bâtiments, et fortifié leurs positions. Ils ont aussi détruit deux ponts pour entraver la progression des combattants kurdes.
■ La Turquie laisse entrer des réfugiés, les islamistes tentent d'empêcher leur fuite
La Turquie a finalement accepté de laisser passer des milliers de réfugiés fuyant les combats . Ils attendaient en bordure de la frontière depuis quatre jours et en fin d'après-midi les autorités turques ont finalement accepté d'entrouvrir les portes, dans lesquelles ont commencé à s'engouffrer des familles épuisées, rapport le correspondant de RFI à Istanbul ,Jérôme Bastion . C'est là que les choses ont failli très mal tourner : voyant que le bourg se vidait de sa population, les jihadistes ont tenté, en les menaçant de leurs armes, de faire faire demi-tour aux civils. Sans doute ne voulaient-ils pas laisser filer ceux qui leur servaient de bouclier humain.
L'armée turque est intervenue à coups de canons à eau pour disperser le flot des arrivants, mais ils se sont rués en plus grand nombre encore sur les grillages et les barbelés, qui ont finalement été cisaillés pour éviter un écrasement général. En quelques minutes, quelque 10 000 personnes ont pu passer avant que la nuit tombe et la frontière a été à nouveau verrouillée.
Mais l'arrivée des forces kurdes aux abords de la ville en fin de soirée, déclenchant des combats de rue violents, puis les bombardements de la coalition sur les dépôts d'armes et de munition du groupe Etat islamique, risquaient d'obliger la Turquie à rouvrir le passage pour éviter un carnage, alors que des milliers de sans-abri attendent toujours des secours dans la ville.
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