Furieux après les révélations d'écoutes et de surveillance de leurs institutions par les Etats-Unis, les Européens ont exigé lundi l'arrêt immédiat de tout espionnage, Washington se bornant de son côté à relativiser l'affaire.
La chef de la diplomatie de l'Union européenne (UE) Catherine Ashton à Bandar Seri Begawan, le 1er juillet 2013
afp.com - Jacquelyn Martin
Furieux après les révélations d'écoutes et de surveillance de
leurs institutions par les Etats-Unis, les Européens ont exigé lundi
l'arrêt immédiat de tout espionnage, menaçant de bloquer toute future
négociation, Washington se bornant de son côté à relativiser l'affaire.
La
France ne peut "pas accepter ce type de comportements" qui doivent
cesser "immédiatement", a réagi le président français François Hollande,
premier chef d'Etat à s'exprimer aussi vivement sur les soupçons
d'espionnage américain de l'Union européenne (UE). "Les éléments sont
déjà suffisamment réunis pour que nous demandions des explications",
a-t-il ajouté.
Sans évoquer directement la création d'une zone de
libre-échange transatlantique, objet de prochaines discussions, François
Hollande juge que l'"on ne peut avoir de négociations ou de
transactions" avec les Etats-Unis "qu'une fois obtenues (les) garanties"
sur une cessation de l'espionnage par ce pays de l'UE et de la France.
En
Allemagne, un porte-parole d'Angela Merkel, Stefen Seibert, a estimé
que les Etats-Unis devaient "rétablir la confiance" avec leurs alliés
européens. "Une discussion aura bientôt lieu" avec la chancelière,
a-t-il précisé.
La Grèce réclamait de son côté des "clarifications" à Washington.
C'est
un hebdomadaire allemand, Der Spiegel, qui a révélé dimanche que
l'agence américaine NSA espionnait des bâtiments officiels de l'Union
européenne aux États-Unis, mais aussi à Bruxelles depuis de longues
années. Au sein de l'UE, l'Allemagne est, selon l'hebdomadaire, une
cible privilégiée.
Le Spiegel fonde ses accusations sur des
documents confidentiels dont il a pu avoir connaissance grâce à l'ancien
collaborateur du renseignement américain Edward Snowden, auteur de révélations explosives sur le programme américain d'espionnage électronique.
Le
quotidien britannique The Guardian a écrit dans la foulée que la
France, l'Italie et la Grèce figuraient parmi les 38 "cibles"
surveillées par l'agence américaine.
Barroso au créneau aussi
Le
président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a demandé
un contrôle de la sécurité des bâtiments de la Commission à Bruxelles, a
annoncé sa porte-parole.
En première ligne, le secrétaire d'Etat
américain John Kerry a rencontré lundi son homologue européenne
Catherine Ashton, en marge d'un sommet asiatique à Brunei, minimisant
l'ampleur du scandale.
"Je dirai que chaque pays dans le monde qui
est impliqué dans les affaires internationales, de sécurité nationale,
exerce de nombreuses activités afin de protéger sa sécurité nationale et
toutes sortes d'informations qui peuvent y contribuer", a-t-il ajouté.
"Tout ce que je sais, c'est que cela n'est pas inhabituel pour un grand
nombre de pays".
"Nous coopérons avec l'Europe sur tellement de
sujets, nous sommes si proches en raison de nos intérêts dans le monde
que nos relations vont rester fortes", a renchéri Ben Rhodes, conseiller
adjoint du président Barack Obama pour la sécurité nationale. "Nous
allons travailler avec eux (les Européens) sur les questions de
sécurité, économiques, et franchement nous partageons aussi beaucoup de
valeurs démocratiques qui, je pense, peuvent transcender toute
controverse", a-t-il ajouté.
Face au déluge de documents
communiqués via Edward Snowden, au coeur d'un imbroglio mondial digne
des meilleurs romans d'espionnage, Bruxelles a averti de possibles
conséquences sur les négociations en vue de la création d'une zone de
libre-échange transatlantique.
"Si c'est vrai que les Américains
ont espionné leurs alliés, il y a aura des dégâts politiques. Cela
dépasse de loin les besoins de sécurité nationale. C'est une rupture de
confiance et on est parti pour quelque chose de très sérieux", a confié à
l'AFP un responsable européen.
© 2013 AFP
Nenhum comentário:
Postar um comentário