Article publié le : lundi 01 juillet 2013 à 13:22 -
Dernière modification le : lundi 01 juillet 2013 à 13:31
Graffiti sur un mur de Rio de Janeiro : «La Coupe tue les pauvres».
REUTERS/Ricardo Moraes
Au Brésil, le groupe Anonymous a posté un message sur Youtube
appellant les Brésiliens à une grève générale ce lundi 1er juillet, au
lendemain de la finale de la Coupe des Confédérations. Tout est parti
d’une idée du musicien brésilien Felipe Chamone, il y a deux
semaines. Il avait lancé une page Facebook, qui a disparu à présent,
organisant une nouvelle manifestation. L’idée était de continuer à
protester pour un Etat plus efficace et moins corrompu à un moment où la
mobilisation sociale marque le pas après trois semaines d’intenses
rassemblements à travers tout le pays.
Sao Paulo,
la mégapole brésilienne de 11 millions d’habitants sera-t-elle
paralysée ce lundi 1er, comme l’ont promis les organisateurs de la grève
? Rien n’est moins sûr. Les autorités en tout cas affichent une grande
sérénité. L’appel à la grève générale a été diffusé sur les réseaux
sociaux mais selon les autorités locales, aucune grande manifestation
n’est prévue.
Pour l’instant, la police militaire n’a pas mis en place de
dispositif spécial de sécurité. Selon un syndicat des transports
publics, le métro fonctionnera normalement. Mais les habitants sont
toutefois prudents, à l’instar d’Enaïde : « On ne sait pas ce qui va se passer, dit cette jeune femme.
Si jamais tout est bloqué, cela va être difficile de se rendre au
travail. Honnêtement, je ne sais pas encore ce que je ferais dans ce
cas. Si je me débrouille en taxi ou si je reste à la maison. A ce
moment-là, il faut que négocie avec mon patron ».
Une mobilisation pas encore essoufflée
Comme cette grève n’est pas lancée par des syndicats mais des réseaux
sociaux, les salariés ne sont pas couverts par les conventions
sociales. Si une personne veut s’absenter du travail pour manifester, il
doit prendre un jour de congé. « C’est une des raisons pour lesquelles la mobilisation sera limitée », estime Mariana Campanatti de l’association Imagina na copa
(qui profite de la Coupe du Monde pour lancer des projets sociaux).
Cette militante avait participé à toutes les manifestations, mais
aujourd’hui, elle va travailler.
Mariana Campanatti ne pense pourtant pas que le mouvement s’est essoufflé. « La Coupe des Confédérations était une première occasion de manifester, mais il y aura la Coupe du Monde dans un an, assure-t-elle. Et d’ici là, le mouvement va gagner en ampleur, j’en suis sûre. Le mécontentement va au-delà des revendications particulières ». Et de conclure : « Moi par exemple je ne peux pas m’identifier avec ceux qui prétendent me représenter ».
Panique à bord au PT
Le gouvernement reste donc sous pression. Ces derniers jours, la
présidente Dilma Rousseff a fait de nombreuses concessions aux
manifestants. Cela n’a pas empêché sa chute dans les sondages. Pour
Claudio Weber Abramo, directeur de l’ONG Transparence Brésil, la vraie menace qui pèse sur Dilma Rousseff, c’est la sanction des électeurs l’année prochaine. « Moi
j’attends de voir comment vont se dérouler les élections de l’année
prochaine. Si j’étais à la place des organisateurs des manifestations,
je ferais une grande campagne en faveur du vote blanc. Parce qu’au
Brésil, plus de 50 pour cent de votes blancs annulent une élection », remarque-t-il.
Certains au sein du Parti des travailleurs doutent déjà que Dilma
Rousseff soit la bonne candidate pour 2014. Selon Pablo Ortellado, du Mouvement Passe Livre qui était à l’origine des manifestations, la mobilisation pourrait compromettre l’avenir politique de la présidente : « Bien sûr elle a peur. Moi, à sa place j’aurais peur aussi. Personne ne sait quelle direction prendra ce pays ! ». Une incertitude qui pèse aussi sur cette journée, considérée comme un test pour l’avenir de la mobilisation sociale.
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