Publié le 18-04-2015 Modifié le
18-04-2015 à 17:27
Par RFI
Explosion meurtrière à Jalalabad, ce samedi
18 avril 2015.REUTERS/Parwiz
En Afghanistan, ce samedi 18
avril 2015, un attentat suicide commis dans la ville de Jalalabad (est du pays)
a coûté la vie à au moins 33 personnes, et en a blessé une centaine d’autres.
Une attaque qui intervient alors que la fin de l’hiver marque ce qu’on appelle
traditionnellement, en Afghanistan, la « saison des combats ». Même s’il faut se
méfier à ce stade des effets d’annonce, l’attaque - dont les talibans nient la
responsabilité - aurait été revendiquée par l'organisation Etat
islamique.
Pour récupérer leur salaire ce
samedi matin, de nombreux fonctionnaires faisaient la queue devant une banque de
Jalalabad, la grande ville afghane de l’est du pays non loin de la frontière
pakistanaise. Et c’est précisément au milieu de cette foule qu’un kamikaze a
fait exploser sa charge, raconte notre correspondant à Kaboul, Joël
Bronner.
Comme souvent lorsque des
civils sont les principales victimes d’une attaque, le porte-parole des insurgés
talibans a décliné toute responsabilité concernant cet attentat, tandis que
Daech aurait fait circuler une photographie d’un kamikaze présenté comme
l’auteur de l’attentat. C'est ce qui a fait dire au président Ashraf Ghani :
« Daech a revendiqué cet attentat ». Une personne se présentant comme
un porte-parole du groupe Etat islamique en a dit tout autant, par téléphone, à
l'Agence France-Presse.
Inquiétude de
l'ONU
« Le groupe autoproclamé
Etat islamique est présent en Afghanistan, mais davantage comme un point de
ralliement que comme une réelle menace », estimait il y a tout juste un
mois Nicholas Haysom. Le représentant spécial de l'ONU en Afghanistan avait
alors minimisé la force de frappe de Daech dans le pays. C'était à l'issue d'une
réunion du Conseil de sécurité consacrée justement à la situation en
Afghanistan.
L'ONU ne cache pourtant
pas son inquiétude sur la capacité du mouvement jihadiste à attirer les groupes
d'insurgés et les groupes dissidents. Le président afghan Ashraf Ghani avait
également mis en garde lors de sa dernière visite aux Etats-Unis contre la « terrible menace » de
Daech en Afghanistan. L'organisation a déjà envoyé, selon lui, des éléments
avancés dans le sud et dans l'ouest du pays, pour tester les
failles.
Mais pour certains experts, la
présence du groupe EI n'a jamais été confirmée, et les revendications faites au
nom de l’organisation jihadiste doivent être prises avec prudence. Si la
progression du groupe est difficile à mesurer, Kaboul et Islamabad prennent la
menace très au sérieux, ce qui contribue aussi à un rapprochement rare entre les
deux pays.
Si l'implication de
l'organisation EI devait être confirmée, ce serait une première dans le pays,
compte tenu de l'ampleur de l'attaque, après quelques frémissements, comme la
décapitation récemment de cinq chiites et de soldats, avec le même type de
revendication.
Le retour de la «
saison des combats »
Traditionnellement, au retour
des beaux jours printaniers, lorsque les cerfs-volants se mettent par ailleurs à
planer plus nombreux dans le ciel de Kaboul, revient également la reprise de la
saison dite des combats. Ces derniers avaient été ralentis par la neige
hivernale et le froid.
Des combats et des attaques se
sont multipliés ces derniers jours en Afghanistan, dans la foulée de l’annonce de Barack Obama, le mois dernier, de ralentir le rythme du retrait des quelque
10 000 soldats américains encore présents dans le pays pour entraîner et
soutenir l’armée afghane. En une semaine, un convoi de l’Otan a ainsi été visé, là encore à Jalalabad, tuant trois civils. Et
dans la région du Badakhshan, dans le nord-est du pays, ce sont cette fois 18
militaires afghans qui ont trouvé la mort.
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