"E aqueles que foram vistos dançando foram julgados insanos por aqueles que não podiam escutar a música"
Friedrich Nietzsche

sexta-feira, abril 26, 2013

Quand le Hamas veut durcir les règles islamiques à Gaza

RFI - Article publié le : vendredi 26 avril 2013 à 14:08 - Dernière modification le : vendredi 26 avril 2013 à 14:08

Plusieurs jeunes gens ont été arrêtés à Gaza, certains battus, en raison de leur tenue ou de leur coupe de cheveux, jugées indécentes.
Plusieurs jeunes gens ont été arrêtés à Gaza, certains battus, en raison de leur tenue ou de leur coupe de cheveux, jugées indécentes.
AFP PHOTO/MOHAMMED ABED

Par Nicolas Falez
Depuis quelques semaines, une série d’incidents et de décisions laisse penser que le mouvement islamiste essaie de durcir son emprise sur la société palestinienne de Gaza. Cela fait presque six ans que le Hamas a pris le contrôle de l’enclave.

C’est une histoire de coupe de cheveux et de pantalon dont on parle beaucoup à Gaza depuis quelques jours. Plusieurs jeunes ont été arrêtés par la police, parfois battus et ils ont eu le crâne rasé de force car ils arboraient des coupes de cheveux jugées « indécentes », le cheveu dressé sur la tête un peu à l’image de certaines stars du football. Des garçons portant des jeans taille basse ont également été visés.
Aujourd’hui ces jeunes se taisent mais du côté des organisations de défense des droits de l’homme, on a recueilli le témoignage de certaines des victimes et on prend l’affaire très au sérieux. « La liberté individuelle, c’est le droit fondamental que chacun doit pouvoir exercer, rappelle Jaber Wishah du Centre palestiniens des droits de l’homme, ici on parle de la liberté individuelle qui consiste à porter des cheveux longs, ou un pantalon de telle ou telle couleur. C’est la liberté de chacun. »
De son côté, le porte-parole de la police de Gaza affirme que les garçons faisaient l’objet de plaintes car ils avaient harcelé des jeunes filles.
Mixité
En février, Al Aqsa, l’une des principales universités de Gaza, a décidé d’imposer le port de la tenue islamique (voile et long manteau boutonné) à ses étudiantes.
Ce mois-ci, l’ONU avait prévu d’organiser le 3ème marathon de la Bande de Gaza, le Hamas a exigé qu’hommes et femmes courent séparément : du coup, l’ONU a préféré annuler la course.
Enfin, votée le mois dernier, une nouvelle loi scolaire va imposer la séparation fille-garçon à l’école à partir de 9 ans. La décision ne va pas changer grand-chose : l’immense majorité des écoles ne sont pas mixtes dans la Bande de Gaza. Néanmoins plusieurs établissements chrétiens ainsi que l’Ecole américaine de Gaza se demandent pourquoi on leur impose une telle mesure.
« Nous sommes une école mixte et nous enseignons à nos élèves qu’ils sont tous égaux. Ils ont des droits égaux, la même éducation et doivent être respectés quelque soit leur race, leur couleur et leur religion, explique Mohammed Oda qui dirige l’Ecole américaine de Gaza. On nous demande d’imposer une séparation alors qu’ici ils vivent dans l’égalité des sexes. C’est contre nos convictions. Comment allons-nous faire ? Personne ne le sait. »
Société conservatrice
On décrit souvent la société gazaouie comme étant très conservatrice et c’est vrai. Mais des voix s’élèvent pour critiquer ces décisions, comme celle de Zeinab El Ghunaimi qui dirige une association de conseil juridique destinée aux femmes de Gaza : « Je suis toujours inquiète dès que l’on parle de la situation à Gaza. On peut s’inquiéter quand les gens qui sont au pouvoir n’acceptent pas la démocratie et je crois que le Hamas ne l’accepte pas. »
Le Hamas, lui, assure qu’il n’essaie pas de renforcer les règles islamiques à Gaza : « Vous savez qu’à Gaza certaines filles se promènent sans porter de foulard, lance Ghazi Hammad, vice-ministre des Affaires étrangères du gouvernement Hamas de Gaza. Nous n’opprimons personne, surtout lorsqu’il s’agit des comportements individuels. Mais nous essayons de respecter les traditions dans la société, l’Islam dans la société, nous essayons de le faire en douceur, par le dialogue ». Selon ce membre du gouvernement, il y a probablement eu certaines « erreurs ». Mais d’après Ghazi Hammad, « elles sont commises par des individus, pas par les institutions en général ».
Des propos qui ne rassurent pas les défenseurs des droits de l’homme de Gaza. Ils ont constaté que depuis sa prise de pouvoir en 2007, le Hamas alterne les périodes de plus ou moins grande fermeté en ce qui concerne les règles islamiques. L’islamisation de la société étant l’un des piliers de l’idéologie du Hamas, qui appartient à la mouvance des Frères musulmans.
« Le Hamas veut imposer ses règles quand il se sent fort, explique un défenseur des droits de l’homme à Gaza, et il se sent fort depuis son dernier conflit armé avec Israël, en novembre dernier ».
→ Lire sur le même sujet l'article des Observateurs de France24

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