RFI - Article publié le : vendredi 26 avril 2013 à 14:08 -
Dernière modification le : vendredi 26 avril 2013 à 14:08
Plusieurs
jeunes gens ont été arrêtés à Gaza, certains battus, en raison de leur
tenue ou de leur coupe de cheveux, jugées indécentes.
AFP PHOTO/MOHAMMED ABED
Depuis quelques semaines, une série d’incidents et de
décisions laisse penser que le mouvement islamiste essaie de durcir son
emprise sur la société palestinienne de Gaza. Cela fait presque six ans
que le Hamas a pris le contrôle de l’enclave.
C’est une histoire de coupe de cheveux et de pantalon dont on
parle beaucoup à Gaza depuis quelques jours. Plusieurs jeunes ont été
arrêtés par la police, parfois battus et ils ont eu le crâne rasé de
force car ils arboraient des coupes de cheveux jugées « indécentes »,
le cheveu dressé sur la tête un peu à l’image de certaines stars du
football. Des garçons portant des jeans taille basse ont également été
visés.
Aujourd’hui ces jeunes se taisent mais du côté des organisations de
défense des droits de l’homme, on a recueilli le témoignage de certaines
des victimes et on prend l’affaire très au sérieux. « La liberté individuelle, c’est le droit fondamental que chacun doit pouvoir exercer, rappelle Jaber Wishah du Centre palestiniens des droits de l’homme, ici
on parle de la liberté individuelle qui consiste à porter des cheveux
longs, ou un pantalon de telle ou telle couleur. C’est la liberté de
chacun. »
De son côté, le porte-parole de la police de Gaza affirme que les
garçons faisaient l’objet de plaintes car ils avaient harcelé des jeunes
filles.
Mixité
En février, Al Aqsa, l’une des principales universités de Gaza, a décidé d’imposer le port de la tenue islamique (voile et long manteau boutonné) à ses étudiantes.
Ce mois-ci, l’ONU avait prévu d’organiser le 3ème marathon de la
Bande de Gaza, le Hamas a exigé qu’hommes et femmes courent séparément :
du coup, l’ONU a préféré annuler la course.
Enfin, votée le mois dernier, une nouvelle loi scolaire va imposer la
séparation fille-garçon à l’école à partir de 9 ans. La décision ne va
pas changer grand-chose : l’immense majorité des écoles ne sont pas
mixtes dans la Bande de Gaza. Néanmoins plusieurs établissements
chrétiens ainsi que l’Ecole américaine de Gaza se demandent pourquoi on
leur impose une telle mesure.
« Nous sommes une école mixte et nous enseignons à nos élèves
qu’ils sont tous égaux. Ils ont des droits égaux, la même éducation et
doivent être respectés quelque soit leur race, leur couleur et leur
religion, explique Mohammed Oda qui dirige l’Ecole américaine de Gaza.
On nous demande d’imposer une séparation alors qu’ici ils vivent dans
l’égalité des sexes. C’est contre nos convictions. Comment allons-nous
faire ? Personne ne le sait. »
Société conservatrice
On décrit souvent la société gazaouie comme étant très conservatrice
et c’est vrai. Mais des voix s’élèvent pour critiquer ces décisions,
comme celle de Zeinab El Ghunaimi qui dirige une association de conseil
juridique destinée aux femmes de Gaza : « Je suis toujours inquiète
dès que l’on parle de la situation à Gaza. On peut s’inquiéter quand les
gens qui sont au pouvoir n’acceptent pas la démocratie et je crois que
le Hamas ne l’accepte pas. »
Le Hamas, lui, assure qu’il n’essaie pas de renforcer les règles islamiques à Gaza : « Vous savez qu’à Gaza certaines filles se promènent sans porter de foulard, lance Ghazi Hammad, vice-ministre des Affaires étrangères du gouvernement Hamas de Gaza.
Nous n’opprimons personne, surtout lorsqu’il s’agit des comportements
individuels. Mais nous essayons de respecter les traditions dans la
société, l’Islam dans la société, nous essayons de le faire en douceur,
par le dialogue ». Selon ce membre du gouvernement, il y a probablement eu certaines « erreurs ». Mais d’après Ghazi Hammad, « elles sont commises par des individus, pas par les institutions en général ».
Des propos qui ne rassurent pas les défenseurs des droits de l’homme
de Gaza. Ils ont constaté que depuis sa prise de pouvoir en 2007, le
Hamas alterne les périodes de plus ou moins grande fermeté en ce qui
concerne les règles islamiques. L’islamisation de la société étant l’un
des piliers de l’idéologie du Hamas, qui appartient à la mouvance des
Frères musulmans.
« Le Hamas veut imposer ses règles quand il se sent fort, explique un défenseur des droits de l’homme à Gaza, et il se sent fort depuis son dernier conflit armé avec Israël, en novembre dernier ».
→ Lire sur le même sujet l'article des Observateurs de France24
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