RFI - Article publié le : mardi 16 juillet 2013 à 12:45 -
Dernière modification le : mardi 16 juillet 2013 à 12:50
Une manifestation anti-austérité devant le Parlement grec à Athènes, le 16 juillet 2013.
REUTERS/John Kolesidis
Administrations fermées, transports au ralenti: c'est jour de
grève générale, ce mardi 16 juillet, en Grèce. Un mouvement à l'appel
des principales centrales syndicales contre le plan de restructuration
de la fonction publique. Cette réforme sera soumise au vote des
parlementaires grecs demain mercredi. Elle conditionne le versement
d'une partie des 6,8 milliards d'euros promis à la Grèce par ses
bailleurs de fonds la semaine dernière.
Le projet de loi - une centaine d'articles - fixe le cadre de
cette réforme. Il prévoit le départ et le redéploiement d'une partie des
700 000 fonctionnaires que compte le pays, avec, dès cette année la
suppression de 4 000 emplois publics et, d'ici fin 2014, la mutation de
plus de 12 000 agents municipaux.
Le gouvernement touche l'un des points au cœur de la crise économique
grecque : la fonction publique. Soit 2 salariés sur 10 en Grèce qui
travaillent pour l'Etat. Ce dernier est devenu, au fil des ans, un
refuge. « Première chose: l'Etat, la fonction publique, l'administration en générale, étaient surdimensionnés, analyse Georges Prevelakis, professeur de géopolitique à l'université Paris 1.
Ensuite pendant des années, l'Etat a géré cette manne qui venait de
l'étranger, de l'Europe, sous forme d'aide, de subventions, puis de
dettes et a distribué cette rente sous la forme de postes dans la
fonction publique. »
Et le professeur d'ajouter : « L'Etat est devenu l'instrument
d'une forme de politique sociale détournée. L'économie réelle souffre
aujourd'hui parce qu'elle doit supporter le poids d'une administration à
la fois très lourde, très dispendieuse et très inefficace. Ces
dernières années, la politiques de rigueur a touché essentiellement le
secteur privé, il n'y a pas eu de véritable restructuration de la
fonction publique, il faut le faire aujourd'hui même si cela sera
douloureux. »
Depuis le début de la crise économique en Grèce, il y a trois ans,
les fonctionnaires ont été relativement épargnés. Mises à part les
baisses de salaires et de pensions, globalement, la masse salariale et
le nombre de fonctionnaires n'ont presque pas évolué. « La masse salariale versée par l'Etat grec a baissé d'un point seulement depuis 2010, observe Sylvain Broyer, économiste chez Natixis.
Elle représente 12% du produit intérieur brut. Et il n'y a aucune
tendance à la diminution, alors qu'au Portugal par exemple, le
gouvernement a fait baisser la masse salariale versée de plus de 2,5
points de PIB en trois ans. Et pour ce qui est des dépenses publiques,
elles continuent d'augmenter ! »
Suppression de la police municipale
Les premiers concernés par cette réforme sont des employés de
l'Education nationale, mais ausi les 3 500 agents de la police
municipale. Le gouvernement a prévu de les fondre dans la police
nationale. Une mobilité aux allures de licenciement. Pour Georges
Dassis, le président du groupe des travailleurs du comité économique et
social européen, « le gouvernement a pris la décision de transférer
ces agents qui s'occupent d'ordinaire de surveiller la voie publique, de
mettre des contraventions, de les fondre dans la police nationale. De
là, ils seront affectés à différents postes dit le ministre. Mais tous
n'ont apparemment aucune garantie de pouvoir conserver leur emploi. Vu
la crise et vu le chômage en Grèce [26,8% de la population active, ndlr], dans le secteur privé, leur inquiétude est tout à fait compréhensible ».
Coupes dans la fonction publique
Les mairies resteront fermées jusqu'à mercredi soir, et les maires de
tout le pays ont menacé la semaine dernière de démissionner pour
protester contre cette réforme. Cette grève touche aussi les écoles où
les gardiens seront licenciés.
Dégraisser et réformer la fonction publique en Grèce est une exigence
européenne, puisque la troïka conditionne le versement d'une nouvelle
tranche d'aide à la mise en application de ce plan de restructuration.
C'est aussi un impératif aujourd'hui, et selon Georges Prevelakis, de
cette crise économique naîtra un changement des mentalités.
« C'est la partie la plus difficile des réformes.
L'administration constitue l'instrument pour réformer l'administration.
Pour mener une politique juste, équilibrée, on a besoin d'un instrument
qui fonctionne, or, justement, nous sommes en train de réformer cet
instrument. Donc vous voyez, c'est une situation extrêmement difficile.
Il y a beaucoup de souffrance à cause de la crise, mais il y a un aspect
positif à cette souffrance : les gens commencent à prendre conscience
des réalités, les mentalités en effet sont en train de bouger, ce sera
long, mais oui, les mentalités sont en train de changer. C’est une
réforme qui fera école. »
Le projet de loi sera donc soumis au vote des parlementaires ce
mercredi 17 juillet. Il inclut aussi un remaniement de la fiscalité et
une réforme de l'assureur national de la santé publique.
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